ASSOCIATION ABRI DE LA PROVIDENCE

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CO18022009
Courrier de l'Ouest du 18 février 2009

 

Logo OUEST FRANCE Actualité Maine-et-Loire : mercredi 18 février 2009

SDF et demandeurs d'asile défendent leur squat

OF19022009
Mardi, la police est passée faire comprendre aux squatteurs qu'il était temps de quitter les lieux. Une procédure d'expulsion est en cours. Mais les SDF veulent encore y croire et se mobilisent pour conserver leur squat de la rue Lionnaise.

Entre 25 et 30 personnes ont élu domicile dans les anciens locaux d'une congrégation religieuse, rue Lionnaise. Des SDF d'abord, puis des demandeurs d'asile, tous aujourd'hui menacés d'évacuation.

Maud, 20 ans, sort de sa poche un trousseau de clefs, ouvre une première porte donnant sur un couloir. Une autre clef, un autre verrou sur une autre porte, tout de suite à droite. « C'est ma chambre », fait-elle. Matelas, couvertures, effets personnels, quelques décorations murales... C'est sommaire, mais pour la jeune SDF, c'est presque le grand luxe. Elle a un toit, une pièce à elle, qui ferme. Comme elle, ils sont environ une quinzaine à avoir ainsi élu domicile dans les anciens locaux d'une congrégation religieuse, rue Lionnaise, dans le quartier de la Doutre. Les premiers sont arrivés il y a quelques mois. Et au fil du temps, « on s'est organisé ». Maud montre fièrement la cuisine commune. Plus loin, « la salle de bain »... « On a même fait des toilettes sèches ! » Plus récemment, les SDF ont fait une place à de nouveaux occupants : des demandeurs d'asile à la recherche d'un toit. Originaires du Soudan et d'Érythrée, ils sont aujourd'hui une quinzaine à dormir rue Lionnaise. « C'était un peu compliqué au début à cause de la barrière de la langue, mais la cohabitation se passe bien », assure Maud. « Et on partage de temps en temps le repas ensemble. » « Question de sécurité » Seulement voilà, l'occupation des locaux est illégale. Et la mairie, propriétaire des bâtiments depuis l'an dernier, a saisi la justice pour envisager une évacuation. « On ne peut pas les laisser dedans pour une question de sécurité, justifie Jean-Claude Bachelot, adjoint au maire. Et s'il y avait un incendie ? » L'élu affirme avoir tenté le dialogue : « On a parlementé, mais on nous laisse même pas entrer ; à un moment, il faut bien passer à l'acte. » Pourquoi évacuer maintenant alors que les premiers SDF y sont présents depuis plusieurs mois ? « C'est pas si simple », se contente de répondre l'adjoint au maire. L'arrivée, plus récente, des demandeurs d'asile aurait-elle changé la donne ? Peut-être... « Ils sont sous l'autorité de l'État, et donc de la préfecture », rappelle l'élu. Sous l'autorité de l'État ou pas, les demandeurs d'asile se retrouveront à la rue sitôt évacués, faute de logements disponibles. Ce qui provoque la colère du collectif de soutien aux sans-papiers : « On bafoue le droit d'asile. » Les SDF et les demandeurs d'asile se serrent les coudes : « Ce n'est pas pour les mêmes raisons, mais notre lutte pour un toit est la même », termine Maud.
Vincent COQUEREAU. Ouest-France


Angers: Quel avenir pour les squatteurs de la rue Lionnaise?
envoyé par ANGERS7 18 février 2009
 

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Les squatteurs du n° 48 font porte ouverte

OF23022009
Occupant d'anciens locaux d'une congrégation religieuse, les SDF et demandeurs d'asile ont organisé, hier, une sorte de pique-nique ouvert à tous. Quelques sympathisants sont venus partager le repas, mais les riverains ne se sont pas bousculés.

Une trentaine de SDF et de demandeurs d'asile partagent le même toit dans un squat, à Angers. Menacés d'expulsion, ils se sont organisés pour sensibiliser le public à leurs causes.

Ils ont sorti les assiettes et les couverts, improvisé une rangée de tables au milieu de la cour et disposé autour quelques chaises de jardin. Dans un coin, une pile de cageots de fruits et légumes, récupérés à la fin du marché. Chacun se sert, grignote ou trinque sur un air d'accordéon, dans une ambiance de pique-nique version SDF. « Nous vous ouvrons nos portes », indiquait, hier, un papier sur l'entrée de la porte située au n° 48 de la rue Lionnaise, dans le quartier de la Doutre, à Angers. Vides depuis des années, les anciens bâtiments de la congrégation religieuse, qui appartiennent à la mairie, sont aujourd'hui occupés par une quinzaine de SDF. Et au moins autant de demandeurs d'asile, à qui ils ont fait une place. « Avec les riverains, ça se passe bien », assure l'un des squatteurs. « Il y en a même qui nous préviennent quand les flics sont dans la rue ! », rigole une autre. Mais la mairie ne l'entend pas de cette oreille. Et une procédure d'expulsion est en cours. « Pour des raisons de sécurité », justifie la ville. Des Soudanais « choqués » Depuis cette menace, les locataires indésirables se mobilisent pour défendre leur squat. Banderole sur le mur extérieur, pétition, tracts et... porte ouverte, comme hier, où les squatteurs présentaient aussi quelques clichés de leurs « chez-eux » provisoire. SDF et demandeurs d'asile se serrent les coudes. « Malgré les différences de parcours de chacun, malgré les différences culturelles, une union s'est créée », fait remarquer Pierre Jean, l'un de leurs sympathisants. Comme le dit Maud, qui a élu domicile au 48 il y a quelques mois, « ce n'est peut-être pas pour les mêmes raisons, mais notre lutte pour un toit est la même ». Les demandeurs d'asile, eux, apprécient ce dépannage en attendant de trouver un véritable logement. Mais « on s'inquiète pour l'avenir ». Soudanais pour la plupart, « on était venu chercher la protection en France, confie Ali. On n'est pas venu pour des raisons économiques, mais pour être protégés. » Vu de là-bas, « on pensait qu'on aurait des droits ici, au pays de la liberté et des Droits de l'homme ». Faute de logements disponibles, les demandeurs d'asile se sont retrouvés à la rue. Avant de trouver finalement refuge chez d'autres sans-abri... « On est choqués. » Sans compter que les « habitants du 48 », comme ils se nomment, ont régulièrement la visite de la police.
Vincent COQUEREAU. Ouest-France

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Petit répit pour le squat de la rue Lionnaise

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Des représentants des SDF et demandeurs d'asile ont été reçus, hier, par Rose-Marie Véron, adjointe à l'action sociale.

Une réunion a été fixée au 6 mars pour étudier la situation des demandeurs d'asile. Les SDF, eux, devront quitter les lieux.

La menace d'une expulsion, qui plane au-dessus de leurs têtes depuis plusieurs jours, semble s'être éloignée. Du moins pour le moment. « On ne nous dit pas qu'on peut rester là, mais on ne nous dit plus non plus que nous allons être expulsés », a résumé Maud, l'une des occupantes du n° 48 de la rue Lionnaise, à la sortie de l'Hôtel de ville, hier après-midi. Une poignée de représentants des SDF et demandeurs d'asile qui se sont installés au squat ont été reçus par Rose-Marie Véron, adjointe à l'action sociale. L'élue a tenu d'abord à distinguer les deux populations. Pour envisager des solutions différentes pour chacune d'entre elles. Leur prise en charge a beau être du ressort de l'État, « le maire a déjà sollicité les communes de l'agglo pour trouver des logements disponibles », rappelle Rose-Marie Véron. Mais face à cette nouvelle situation, une réunion de la coordination de l'espace accueil a été fixée au vendredi 6 mars, « avec tous les partenaires institutionnels et associatifs ». Pour les SDF, « nous allons étudier les demandes de logement faites par trois d'entre eux ». Concernant les autres, qui ont « fait un choix de vie », un groupe de réflexion va être mis en place pour chercher « des solutions individuelles, voire collectives ». Mais quoi qu'il en soit, « ils ne pourront pas rester rue Lionnaise ».





Angers : Sursis pour le squat de la rue Lionnaise
envoyé par ANGERS7 26 février 2009

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Au 48 de la rue, les habitants sont des squatteurs

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Dans l'ancien orphelinat d'Angers, Mohamed, Soudanais arrivé en France via la Libye,
a trouvé un toit, au premier étage du squat. Photo : Franck Dubray

Les squats ne sont pas près de disparaître. L'anthropologue Florence Bouillon vient de publier une étude sur ces habitats où s'entassent les précarités. Reportage à Angers, où une centaine de punks, demandeurs d'asile et Roms ont investi un orphelinat abandonné. Ils manifesteront cet après-midi, dans la ville.

Cette fin d'après-midi là, Maud est rentrée en catastrophe au 48, rue Lionnaise. Le ricochet des portables l'a alertée ; la police boucle le quartier. Renseignements pris, il s'agit d'une reconstitution judiciaire. « Ça craint l'expulsion, on est un peu en stress en ce moment », souffle-t-elle, en remontant ses manches sur un avant-bras salement bleui. « Un coup de matraque, la semaine dernière ! » Le vieux quartier de la Doutre, à Angers. Derrière les hauts murs du 48 et la porte bringuebalante, bourdonne un squat. Certains l'appellent « Au bon coeur ». Depuis septembre, une centaine de personnes y cohabitent, « jeunes punks avec chiens », SDF, demandeurs d'asile, Roms. « Parfois même, glisse malicieusement Paola, 22 ans, le 115 (numéro d'urgence) nous adresse des gens quand ils n'ont plus d'hébergement. » Le 48est un ancien orphelinat à l'abandon depuis une quinzaine d'années, aujourd'hui propriété de la ville. Deux immenses bâtisses décrépites, plus de quatre-vingts pièces, un potager. Sur le toit, ces mots, à la peinture blanche : « Occupes et résistes ». « Ce serait étonnant que les squats diminuent en France, estime l'ethnologue marseillaise Florence Bouillon, auteure d'un livre sur le sujet. On y recense 1,6 million de logements vacants, c'est un parc disponible et il y a tellement de monde en attente de logements. » Sous les érables de la cour, de jeunes Africains jouent au foot et soulèvent des nuages de poussière dans le soleil de fin d'après-midi. Érythréens, Soudanais, ils sont une cinquantaine et attendent que leurs demandes d'asile soient instruites. Les habitants du48les ont accueillis il y a deux mois. Paola ironise : « La rumeur s'étonne : punks, SDF, Noirs, Roms en même temps et il n'y a pas de racisme ? Eh, bien, non, il n'y a pas de racisme. » Et le dimanche, le squat ouvre grand ses portes aux voisins, au quartier, à la ville. Maud veille sur ce singulier collectif de précarités. Vingt ans, deux années de fac de psycho, la route, les squats. Blouson noir, rangers, keffieh. Elle dit : « Tout me plaît ici. C'est un lieu de vie autogéré, ça se régule tout seul. La reprise en main de sa vie, la réquisition. On ne doit rien à personne. Ce qu'on a, on s'est battu pour l'avoir. » L'eau et l'électricité sont « piratées ». Emmaüs a fourni matelas et couvertures. Un confort terriblement sommaire. Dans les couloirs du rez-de-chaussée, inoccupé, un froid humide vous glace. Le salpêtre des murs a été gratté pour laisser place à des silhouettes dessinées au pochoir. Une salamandre, un CRS, Pancho Villa. Maud, les punks, les Roms logent au second étage. Chambres spartiates, avec serrures et clés. « C'est préférable. Y'a beaucoup de passage ici. » Au premier, les Africains. Sur la porte de la cuisine, quelqu'un a écrit : « Tous sortis du même moule, du même oeuf, du sein de notre mère la Terre. » Trois jeunes Érythréens, accroupis dans un coin, écoutent une vieille cassette de musique éthiopienne. Plus loin, ils sont une quinzaine dans une sorte de dortoir. Au mur, une vieille fresque de la Belle au Bois Dormant, tons bleus, et ce mot, « magique à souhait ». De quoi laisser perplexe Mohamed, arrivé du Soudan via la Libye et Marseille, recroquevillé sous ses couvertures. Il peste contre le froid et tout le reste. « Nous, on a choisi cette vie, murmure Paola. Pas eux ! Ç'a été difficile de leur faire comprendre qu'on était dans une maison illégale. » Alors,chaque semaine, une assemblée générale tranche les questions d'organisation et de sécurité. « Comme dans toute collectivité, il y a des bisbilles. Mais c'est jamais violent. Ici aussi, on apprend à se former politiquement. » « Les squatteurs, dit encore Florence Bouillon, sont à l'image des pauvres. À leur encontre, il y a à la fois de la compassion et cette peur du pauvre séditieux qui enfreint le droit de propriété. » Presque 20 h, Cédric s'éclipse. Corvée de « récup ». Ça veut dire aller glaner de la nourriture.Selon les jours, ce sont les poubelles des magasins ou les fins de marchés avec les fruits, les légumes avancés, les poissons en bout de circuit. « Y'a un gérant qui nous a à la bonne, il ne met plus de javel sur les produits qu'il jette. » Maud soupire. « J'sais pas si on verra pousser les légumes du potager ! » Alors, elle économise. Sur l'argent des saisons, de la manche, du RMI qu'elle partage avec son compagnon. Pour acheter un vieux camion. Et filer sur la route.

Marc PENNEC (avec Vincent COQUEREAU).

Les mondes du squat, PUF, 245 pages, 28 €, par Florence Bouillon, docteur en anthropologie, enseignante à l'École des hautes études en sciences sociales, à Marseille.

+ Notre reportage photos

Ouest-France 

Logo OUEST FRANCE Actualité Angers : jeudi 09 avril 2009

Squat de la rue Lionnaise : le maire alerte le préfet

Jean-Claude Antonini, maire d'Angers, vient d'adresser un nouveau courrier à Marc Cabane, préfet de Maine-et-Loire, au sujet du squat de la rue Lionnaise. « La situation se dégrade dangereusement, estime le maire. La fin du dispositif hivernal amène une situation dramatique pour près d'une centaine de personnes qui se retrouvent sans solution de logement. Cette situation est humainement inacceptable ». Faute de trouver un toit, environ 70 personnes occupent ainsi illégalement les locaux de l'ancien orphelinat situé au 48, rue Lionnaise. « Je suis extrêmement inquiet sur les conditions de sécurité et de salubrité, écrit Jean-Claude Antonini. Elles mettent en danger la vie de celles et ceux qui sont contraints d'occuper ces lieux ». Et de demander au préfet de trouver des solutions de logements plus sûres et dignes. « C'est de la responsabilité de l'État. »

Ouest-France