ASSOCIATION ABRI DE LA PROVIDENCE

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Logo OUEST FRANCE Angers : Lundi 17 août 2009

Cinquième squat investi par les demandeurs d'asile

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Les demandeurs d'asile ont changé de squat : ils sont passés de l'immeuble de la Soclova, à la Roseraie, à une vieille maison bourgeoise, près du lycée Jean-Moulin.

Les squatters de l'immeuble baptisé « 49.3 » à la Roseraie, l'ont quitté comme prévu ce samedi 15 août. Ils ont réquisitionné une maison, face au lycée Jean-Moulin : le « 49.5 ».

Samedi 15 août, à 14 h, la soixantaine de squatters du bâtiment de la Soclova, 3, rue du Maréchal-Juin à la Roseraie, étaient devant les grilles fermées de la préfecture. Un geste qui a suscité une réaction : le sous-directeur des polices urbaines a transmis un message de Louis Le Franc, secrétaire général de la préfecture d'Angers. Selon le collectif de soutien aux sans-papiers, il indiquait que les forces de l'ordre n'interviendraient pas au « 49.3 » avant le 20 août, date du rendu du jugement des squatters du « 49.4 », rue de la Roë. « C'est aberrant, s'exclame Pierre-Jean Bourdon,un sympathisant du collectif. Seul l'huissier mandaté par la Soclova est habilité à requérir la force publique. Et le préfet ne peut pas refuser.»

Une famille roumaine de six personnes, une famille avec un enfant, arrivée cette semaine d'Érythrée, et quelques célibataires ont été relogés au « 49.4 ». Les autres, Soudanais, Érythréens, Kosovars... habitent désormais une vieille maison bourgeoise, située chemin de Meule-Farine, face au lycée Jean-Moulin. Neuf chambres sont réparties sur trois étages autour d'un large escalier de bois. En bas tout le monde partage la même cuisine. « La maison est bien, estime Elham, une Somalienne de 24 ans, mais il n'y a pas d'eau. Cela pause problème au niveau de l'hygiène.»

« On attend, comme tout le monde »

La jeune femme raconte s'être enfuie lors des bombardements de Mogadiscio qui ont tué la moitié de sa famille, et détruit sa maison, en 2007. Dans cette fuite elle a perdu trace de son frère et de ses deux soeurs. Au Soudan, elle rencontre son mari, un Érythréen. Ensemble ils traversent la Libye et Marseille, puis arrivent à Paris. « Alors qu'on dormait dans la rue quelqu'un nous a dit qu'il fallait aller à Angers, qu'on y trouverait des gens accueillants, que la vie y était bien. » Ils ont mis ce qu'il leur restait d'argent dans un billet de train et sont arrivés le 21 juillet dernier. Un membre du collectif de soutien aux demandeurs d'asile les a amenés au « 49.3 ». Ils ont déménagé hier au « 49.5 ».
« Nous sommes allés à la préfecture pour obtenir des papiers. Ils nous ont dit d'attendre septembre. Alors on attend, comme tout le monde ici.»

Comme son nom l'indique, le « 49.5 » est le cinquième bâtiment que squattent les demandeurs d'asile à Angers. Les militants pour leurs droits menacent de porter plainte contre la préfecture, pour non-respect des conventions internationales, et contre le Conseil général, pour mise en danger de mineurs. En attendant, la série squat continue. À quand le « 49.6 » ?

Charles FOUCAULT.
Ouest-France