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A Angers, bras de fer entre les pouvoirs publics et des soutiens aux réfugiés

LE MONDE | 01.09.09 | 14h43  •  Mis à jour le 01.09.09 | 14h43

Angers Correspondant

Depuis bientôt un an, Angers vit au rythme d'un bras de fer entre un collectif non aligné de soutien à des squatteurs exilés et les pouvoirs publics, inquiets de voir gonfler les chiffres des demandeurs d'asile.

Dernier épisode : jeudi 27 août, la préfecture de Maine-et-Loire faisait l'objet d'un référé liberté devant le tribunal administratif de Nantes de la part de deux familles kosovares et trois réfugiés érythréens. Le préfet a préféré négocier un arrangement en trouvant in extremis une solution de relogement. "Une porte ouverte aux autres", s'est réjoui le collectif.

Les occupations sauvages ont commencé en novembre 2008 par une gendarmerie désaffectée en banlieue. Une intervention musclée des forces de l'ordre y avait mis fin en 48 heures. Depuis, le mouvement a "requis" successivement quatre immeubles relevant du patrimoine de la ville d'Angers. D'abord le "48", du numéro de rue le désignant, évacué sans ménagement en avril. Puis le 49-3, le 49-4, le 49-5... "Notre mouvement n'est ni anarchiste ni marxiste, mais politique quand même", appuie Pierre-Jean Bourdon, un des leaders, ancien militant CGT.

La municipalité a obtenu de la justice que le 49-3 et le 49-4 soient désertés. Le 49-5, une ancienne bâtisse bourgeoise en périphérie rurale qui accueille par dizaines Darfouris, Erythréens, Somaliens, Roms de Roumanie ou Serbes du Kosovo, pourrait connaître le même sort. "Je ne peux décemment accepter que ces familles vivent dans des conditions insupportables et je ne veux pas alimenter un processus dont personne ne pourrait être maître, se défend le maire (PS), Jean-Claude Antonini. J'ai l'impression d'être accusé alors qu'en Maine-et-Loire, on en fait beaucoup plus que dans les départements limitrophes."

"Nous continuerons"

Depuis 2002, une plate-forme associative, Espace Accueil, plutôt bien subventionnée, suit les dossiers par délégation de service public. Et les possibilités d'hébergement départementales ont été portées de 379 à 535 places, souligne la préfecture.

Mais la réputation des squats angevins provoquant un phénomène d'appel à l'échelon national, les primo arrivants affluent davantage ici qu'ailleurs. Ils étaient 216 au premier semestre 2009, contre seulement 157 à Nantes, la préfecture de région deux fois plus peuplée. La plate-forme Espace Accueil est débordée. "La régulation nationale n'est pas suffisamment activée", plaide le préfet Marc Cabane qui a alerté le cabinet d'Eric Besson, ministre de l'immigration.

Le collectif de soutien aux exilés conteste cette bonne volonté. "Si le droit d'asile était mieux respecté à Paris, Dijon ou Marseille, les gens ne viendraient pas à Angers, dénonce sa jeune porte-parole, Paola Delsart. Tant qu'il y aura des gens à la rue, nous continuerons."

Vincent Boucault

Article paru dans l'édition du 02.09.09.