ASSOCIATION ABRI DE LA PROVIDENCE

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Logo OUEST FRANCE Angers : 31 octobre - 1e novembre 2009

Les demandeurs d'asile ont levé le camp

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« We need help. Respect asylum ». Venus d'Erythrée ou du Darfour, ils demandent de l'aide et le respect du droit d'asile.

Enroulées dans des couvertures, 25 personnes ont dormi sur le parvis de la mairie, dans la nuit de jeudi à vendredi. Hier soir, elles ont décidé de rentrer dans les squats... En attendant lundi.

« Comment peut-on rejeter des gens qui viennent de pays en guerre ou qui sont affamés ? » Michèle est venue de Saumur, hier, pour soutenir les demandeurs d'asile devant la mairie. Pas une marginale, pas une excitée de l'ultragauche. Non, une retraitée de la fonction publique bien peignée. Qui aimerait que ses concitoyens se souviennent : « Nous avons contribué à mettre tous ces pays dans la misère et à les y maintenir. Alors, aujourd'hui, nous avons le devoir de les accueillir. »

Nous ? Mais qui, nous ? C'est le grand sujet de conversation, parmi ces hommes venus d'Afrique de l'Est. « L'hébergement et l'accompagnement des demandeurs d'asile, c'est une compétence d'État, » leur a rappelé, hier après-midi, Rose-Marie Véron. Une adjointe au maire « très en colère par rapport à cette situation. »

« Plus la capacité d'accueillir dignement »

Depuis six mois, dit-elle, le Point accueil Santé Solidarité de la mairie « est complètement débordé par les demandeurs d'asile. Les associations qui distribuent les repas, d'ailleurs financés par la Ville, n'arrivent plus non plus à gérer cet afflux. » Et de constater : « La collectivité angevine n'a plus la capacité à accueillir ces personnes dignement ».

Le maire a bien appelé au secours auprès du Premier ministre et du ministre de l'Immigration. « Mais sans obtenir de réponse concrète, déplore Rose-Marie Véron, agacée par certaines demandes du collectif. Il nous demande de réquisitionner les logements vides. Mais on ne va pas loger des gens qu'on ne peut pas accompagner ! »

Retour dans les trois squats

Hier matin, selon le collectif, la préfecture a proposé 25 places supplémentaires en Cada, les Centres d'accueil pour demandeurs d'asile. « Nous sommes une centaine dans les trois squats de la ville : rue de la Roë, Verneau et la Roseraie », réagit Jacob, venu d'Erythrée, perplexe. Hier soir, les manifestants ont décidé de lever le camp, et d'y réfléchir le temps du week-end. En attendant, ils ont rejoint le squat de la rue de la Roë. Sept d'entre eux sont toujours menacés d'une astreinte de 4 400 € par la Ville, pour ne pas l'avoir quitté à temps. « Nous regarderons les possibilités d'annuler la procédure, si les lieux sont évacués », promet Rose-Marie Véron.

Claudine QUIBLIER. Ouest-France 

 

Actu France Soir / Service Société, le jeudi 5 novembre 2009 à 04:00

Angers confronté à un afflux de demandeurs d’asile

La ville d’Angers, les associations d’aide aux demandeurs d’asile et même la préfecture ont jeté un cri d’alarme face à un afflux sans précédent de demandeurs d’asile dans la ville depuis un an qui dépasse largement les capacités d’hébergement et alimente l’émergence de squats.

Le dispositif départemental d’accueil qui repose sur 535 places d’hébergement – 275 places d’urgence et 260 en Cada (centre d’accueil pour demandeurs d’asile) – est saturé depuis des mois déjà. Il fait face depuis la rentrée à de nouvelles vagues d’arrivées de migrants, principalement africains. « Plus d’une centaine rien que pour septembre et octobre », estime Jean-François Fribault, le directeur de L’Abri de la providence, association qui gère le guichet unique d’accueil des primo-arrivants en Maine-et-Loire. « Lundi matin, nous avons reçu 120 personnes pour des demandes d’aides, de suivi de courrier. L’hiver nous inquiète, nos équipes sont usées et fatiguées de laisser des gens dehors avec des enfants, faute de place », poursuit Jean-François Fribault.


Des Africains

Selon la préfecture, « les possibilités d’hébergement (…) sont saturées par l’arrivée au premier semestre 2009 de nouveaux demandeurs d’asile, en hausse de 45 % ». Le Maine-et-Loire concentre 45 % de la demande d’asile effectuée actuellement en Pays de la Loire, souligne-t-elle. Trois squats accueillent ainsi en plusieurs endroits d’Angers des dizaines de réfugiés qui n’ont pas trouvé de place ailleurs. Rue de la Roë, en plein centre-ville, ils sont une trentaine de Soudanais à dormir à même le sol ou sur des matelas sommaires.

Pour tous les intervenants du dossier, l’attrait d’Angers est clairement lié à l’activité des réseaux de solidarité locale qui n’hésitent pas à devancer les professionnels, quand ils ne se substituent pas à eux pour domicilier les réfugiés ou leur trouver un hébergement. « C’est vrai qu’on a provoqué un appel d’air. Mais pourquoi ? Parce que le droit d’asile n’est pas bien appliqué ailleurs et qu’ici, au moins, on s’occupe d’eux », dit Pierre-Jean Bourdon, ancien militant syndical, devenu l’un des porte-parole du collectif de soutien. Montrée du doigt par le collectif pour avoir réclamé l’évacuation du squat de la rue de Roë, la mairie d’Angers reproche à celui-ci de désinformer les réfugiés et de les mener dans le mur. « On est sans doute parmi les villes qui font le plus, mais, aujourd’hui, un seuil critique est atteint et on nous demande encore davantage. C’est injuste. On ne va pas réquisitionner des logements si on ne peut pas accompagner les personnes », déplore Rose-Marie Véron, l’adjointe écologiste aux affaires sociales. Ces derniers mois, François Fillon, Eric Besson et Roselyne Bachelot ont reçu, tour à tour, les doléances angevines. Ce week-end, les services de l’Etat ont négocié la levée d’un des squats contre l’attribution de 25 solutions de logements. « Un sparadrap de plus, estime Rose-Marie Véron, la résolution du problème passe par une vraie politique d’immigration et une solidarité régionale en matière d’accueil. »


Edition France Soir du jeudi 5 novembre 2009 page 12

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Courrier de l'Ouest du vendredi 6 novembre 2009

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