ASSOCIATION ABRI DE LA PROVIDENCE

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Logo OUEST FRANCE Angers : Mercredi 16 décembre 2009

La nuit, ils sont plus d'une centaine en survie

OF16122009
Au Pass rue de Crimée à Angers, le matin après avoir dormi dans la rue ou dans un squat, on vient se réchauffer avec un café et un bol de céréales. Ancien restaurateur de mobilier d'art et musicien, à 55 ans, dort dehors sous le toit d'un appentis, avec son vélo.

Pour se mettre à l'abri du froid, 111 places « urgences » sont mobilisables dans le département. Mardi matin, à 10 h 30, on comptabilisait 16 places encore disponibles. Pedro lui, a dormi dehors. Entre guillemets.

« Je viens au Pass le matin pour me réchauffer, manger, boire un café. Je dors sous un appentis d'un terrain de camping, tout habillé, avec des gants, un bonnet. Je mets aussi des boules Quies pour ne pas entendre les voitures. Je viens en ville avec mon vélo que j'ai appelé du nom d'un médicament antidépresseur.

Au Pass, on commence à me connaître, on m'appelle par mon prénom. Je me réchauffe, on peut laver son linge, prendre une douche, c'est gratuit. Ici, on est tous en survie. On nous offre une collation avec un café, un bol de céréales avec du lait. Pour certains ce sera le seul repas de la journée. Pour manger un vrai repas, il faut aller à l'accueil de Notre-Dame.

Cet été, j'ai été jusqu'à Saint-Jacques-de-Compostelle. J'étais restaurateur de mobilier d'art, et je suis musicien aussi. Ce que je préfère ? le blues. C'est de ne pas jouer de musique qui me manque le plus. Depuis que la vie m'a mise à la rue après une rupture et un problème financier, je n'ai plus rien.

Quand on se retrouve dans la rue, c'est courant que la famille vous laisse tomber. Je rencontre plein de gens comme moi qui ne veulent qu'une chose, retrouver un travail. Je parcours la France, je n'ai plus que ça, dans l'espoir de pouvoir recommencer mon métier. Peut-être qu'à Chartres je pourrais faire valider mes 20 ans d'expérience car j'ai de l'or dans les mains !

La vie m'a cassé il y a 10 ans. Depuis je galère. Je voyage avec mon vélo, j'ai été en Bourgogne, dans le Lot, en Isère, la Corrèze. Peut-être qu'un jour je pourrais me réinstaller. Aujourd'hui, c'est le hasard, la vie, la destinée qui peut vous mettre dans cette situation. Ça peut arriver à n'importe qui. J'ai tout perdu, mon fils, mon métier, ma musique... »

Ouest-France