ASSOCIATION ABRI DE LA PROVIDENCE

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Logo OUEST FRANCE Angers : Lundi 11 janvier 2010

Un 3e squat de demandeurs d'asile déjà plein

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Les demandeurs d'asile se sont regroupés par nationalité dans plusieurs chambres.

Et de trois ! Après 70 personnes à la Roseraie, 60 à Verneau, une quarantaine d'Africains occupent le 16 de la rue du Port-de-l'Ancre. Le collectif angevin appelle à une manif, samedi.

Reportage

Angers est une terre d'accueil saturée. Il n'y a plus aucune place au 115, la structure d'urgence, ni au Cada, centre d'accueil des demandeurs d'asile. « Alors nous n'avons pas d'autres choix que d'occuper des immeubles ou maisons vides, affirme un membre du collectif angevin. Pas question de rester dehors, en cette période hivernale. »

Au 16 de la rue du Port-de-l'Ancre, les aménagements vont bon train. Aidés par des bénévoles, les demandeurs d'asile cloisonnent, équipent et occupent les locaux.

« On a fait notre marché, commente avec un brin d'humour une Angevine. Cette grande maison inoccupée, propriété municipale, peut permettre d'accueillir au moins 40 personnes. »

Mais la réaction de la mairie ne s'est pas fait attendre. Jeudi dernier, elle a demandé au juge des référés du tribunal de grande instance d'Angers, de prononcer l'expulsion.

« En contrepartie, on nous propose un relogement dans un bâtiment du Cesame à Sainte-Gemmes-sur-Loire, avec obligation de rentrer dans le centre à 17 h et d'en sortir à 7 h. C'est inacceptable ! »

Une lettre aux riverains

Les Africains logés dans ce 3e squat sont originaires du Soudan, Érythrée, Éthiopie, Somalie, Égypte et Guinée. « Nous sommes en danger dans nos pays respectifs, témoignent les occupants. Nous avons choisi la France pour nous protéger. »

En fait sans domicile fixe, sans adresse, les demandeurs d'asile ne peuvent pas entamer leurs démarches. « D'accord, c'est à l'État, via la préfecture, de leur assurer un gîte, reprend un membre du collectif, mais il ne le fait pas. Alors ce n'est pas parce que l'État est hors la loi que la mairie doit être son complice. »

Les bénévoles comme les squatters en appellent au maire : « Nous refusons d'être traités comme des marchandises que l'on déplace au bon gré d'une réunion entre la préfecture et les élus. Il est quand même possible de trouver une solution de logement à Angers. »

En attendant, le 16 rue du Port-de-l'Ancre s'organise. « Nous avons fait divers travaux de remise en état, et notre souhait est d'ouvrir ce lieu aux Angevins. » Ainsi, les demandeurs d'asile ont déposé un courrier de bienvenue et d'explication dans les boîtes aux lettres des riverains.

La décision du juge des référés est attendue pour ce jeudi 14, mais déjà le collectif angevin prend les devants et appelle à une manifestation, samedi prochain, 16 janvier à 15 h, devant la mairie.

Yves LAUNAY.
Ouest-France