ASSOCIATION ABRI DE LA PROVIDENCE

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Courrier de l'Ouest du mardi 19 janvier 2010

7 décès de SDF depuis octobre 2009 ! Ceux-ci sont bien les morts de la rue même s’ils ne sont pas tous mort dans la rue. Notre association est en contact avec le collectif « les morts de la rue ». Je reprendrais bien volontiers leur accroche : « en interpellant, en honorant ces morts, nous agissons aussi pour les vivants. »

Logo OUEST FRANCE Angers : Jeudi 20 janvier 2010

Les SDF sont en danger de mort

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Jean-François FRIBAULT.

A Angers, plusieurs personnes sans domicile fixe sont mortes de maladie, d'épuisement, usés par la rue.
« Si, au moins, on pouvait les aider à mourir dignement... » indique Jean-François Fribault

Témoignage : Jean-François Fribault, directeur de l'Abri de la Providence, à Angers.

« Il s'appelait Roland. Les Angevins le connaissent bien. Il est mort samedi matin sous le parking du Haras. Il allait de plus en plus mal. Son copain d'infortune lui faisait ses courses. Il l'a retrouvé mort. Il avait 59 ans. C'était l'un des SDF les plus anciens d'Angers.

Il dormait dehors depuis des années. Il refusait tout, sauf, parfois, des couvertures que lui donnait le Samu social. Les SDF sont en danger de mort. Roland n'est pas mort de froid, mais ça change quoi ?

Il est décédé. La moyenne de vie des SDF tourne autour de la cinquantaine. Elle est inférieure de 25 ans à la durée de vie moyenne.

Trois sont récemment morts d'un cancer. Ils venaient à peine de se stabiliser. L'un d'eux m'a dit: « Pour une fois que je me plaisais quelque part. » Il se plaisait à Vern-d'Anjou, au Brin d'espoir. C'est une sorte de pension de famille. On y accueille un public assez âgé, après la quarantaine. Ce sont ceux qui ont eu un parcours difficile. Ici, ils retrouvent une chaleur humaine.Nous menons une action logements pour les personnes les plus défavorisées. La Ddass, la direction départementale des Affaires sanitaires et sociales, nous a accordé vingt places à Angers. 18 sont occupées. Tous étaient dans la rue avant.

Il faut innover. Nous avons aménagé un bus où vit un couple. Lui, travaille juste à côté. On voudrait aussi aménager des mobil-homes. Certains SDF n'iront jamais dans des appartements. Mais, pour installer des mobil-homes, il faut trouver des terrains.

C'est un travail de tout instant. Il faut continuer à suivre continuellement certaines personnes, même installées dans des appartements. Il faut les accompagner chez le médecin. Il faut, aussi, rassurer les bailleurs qui nous louent des appartements.

Il y a encore tant d'autres choses à faire... Si on pouvait, au moins, les aider à mourir dignement.»

Recueilli par Marianne DEUMIÉ.