ASSOCIATION ABRI DE LA PROVIDENCE

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La Demande d'asile reste élevée en Anjou

OF10032011

« Pas d'adresses, asile en détresse », manifestaient les demandeurs d'asile mercredi 2 février. Pas d'adresses ? Pas de prise en compte non plus dans les statistiques.

En janvier dernier, le préfet se félicitait d'avoir vu la demande d'asile diminuer de 30 % en 2010. Ce n'est pas la réalité. Elle est restée quasiment constante par rapport à 2009.

643 en 2010. C'est le nombre de demandeurs d'asile que le préfet affichait lors de ses voeux, le 11 janvier dernier. « Une baisse de 30 % », renchérissait-il, ses services en ayant comptabilisé 909 en 2009.
Le hic, c'est que Richard Samuel se base sur le nombre de demandeurs d'asile enregistrés à la préfecture. Pour l'être, le migrant doit avoir une domiciliation, c'est-à-dire une adresse en France. Normalement, c'est Espace accueil, la plate-forme qui reçoit les demandeurs d'asile à Angers, qui la lui délivre. Mais ça peut être aussi des particuliers. Or, l'an dernier, 244 demandeurs d'asile n'ont pu être domiciliés par Espace accueil. Certes, 39 l'ont été par les militants du Collectif de soutien aux sans-papiers. Mais il en reste 205 qui ont ainsi disparu des statistiques. Le nombre des demandeurs d'asile en 2010 n'est donc pas de 643 mais de 848, soit une baisse de... 6,7 % par rapport à l'année précédente !

Records battus
« Ça a un peu baissé, confirme Jean-François Fribault, directeur de l'Abri de la Providence qui gère Espace accueil. Mais on reste sur des rythmes élevés d'arrivées. » Jusqu'en 2000, ils étaient au maximum 50 par an à demander l'asile en Anjou. Ils sont passés progressivement à 200, puis 350 en 2008. Pour atteindre le chiffre de 909 en 2009.
« En 2010, Espace accueil a battu tous les records d'activité, signale Jean-François Fribault. On a domicilié 25 % de familles en plus et 30 % d'individuels en plus. » Avec un total de 30 000 passages dans l'année, les gens revenant autant de fois qu'il est nécessaire pour monter leur dossier !
« Là-dessus, l'Etat nous dit qu'on en fait trop, confie Jean-François Fribault. Mais notre convention nous lie aussi avec la mairie d'Angers et le conseil général, pour qui nous avons des missions. » Cette année, Espace accueil va donc clarifier le champ de responsabilité qu'il a avec chacun de ses partenaires.
« On va définir précisément ce pour quoi on est fait. » Ça permettra de lever une partie des malentendus avec l'Etat. Sur le fond, Jean-François Fribault est un peu irrité. « Est-ce que ça vaut le coup de chipoter sur les chiffres ? interroge-t-il. On est toujours sur un phénomène durable. Il faut arrêter de vouloir se boucher les yeux sur la détresse sociale, qu'elle soit d'ici ou d'ailleurs. »
Claudine QUIBLIER. Ouest-France